CÉLÉBRATION
Vous voici au terme du voyage, ou en est-ce le commencement ?
Il n’y a plus de lieu, plus de temps, plus de mouvement. Vous n’observez plus la vie dans ces manifestations extérieures. Vous la ressentez au plus profond de votre être. Dans l’immobilité et le silence, vous vous sentez unifié en vous-même et uni au reste du monde. Accueillez la plénitude et rayonnez. 




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Et si la vie
commençait bien avant nous…
Par Élaine Drolet  
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Au moment où j’écris ces lignes, je me sens fébrile. S’arrêter et réfléchir sur l’origine de la vie dans l’espace intra-utérin ne peut qu’éveiller des mémoires endormies et oubliées. Je ressens malgré moi des émotions que je ne peux expliquer, je revois aussi mes quatre grossesses et repense à des moments précis qui ont déterminé leur évolution. Aujourd’hui, entre mon cœur qui s’agite et mes souvenirs qui se bousculent, il y a cinq vies, la mienne et celles de mes enfants. Nos corps sont distincts, mais nous avons fait le même voyage pour arriver jusqu’ici. Si l’entrée au monde se fait dans divers contextes, le contact avec la vie débute pour tous au même endroit, dans le sein d’une mère. Est-ce dire que nous partons tous à égalité ?

Lorsque l’on regarde une femme enceinte, généralement on sourit. Sans voir le petit être qu’elle porte, on l’imagine facilement, lové bien au chaud et bercé par le mouvement d’une eau apaisante, réconfortante, à l’abri du monde et du stress qui le compose, comme si l’enveloppe physique de la mère l’isolait de l’expérience extérieure, le protégeait. Pourtant, c’est avant de naître et autour de la naissance que  tous les possibles et les limitations majeures de la vie se préparent le plus souvent.

L’utérus et son liquide amniotique constituent le lieu d’édification de l’être, dans toutes ses potentialités génétiques, au moyen des éléments fournis par la mère et par son environnement. Ce nid apparemment douillet est le foyer des premières expériences de vie de l’humain et place les fondements de son évolution dans toutes ses dimensions. Le fœtus en développement suit un processus psychophysiologique qui établit son rapport physique, émotionnel, relationnel et mental à l’existence tout entière.

La présence de l’être à l’expérience de la vie, à ce stade, est absolue. Voilà pourquoi tout ce qui se loge dans le corps, le cœur ou l’esprit du fœtus laisse une empreinte si profonde. Les cinq sens à l’état pur servent de véhicules pour transmettre des informations de bien-être ou de malaise. Le toucher et le goûter, qui apparaissent dès le premier trimestre de la grossesse, livrent des impressions de plaisir ou de déplaisir.

L’ouïe (l’exposition aux sons, aux voix, à la musique), l’odorat (les parfums environnants) et la vue (perception de la lumière) se développent principalement au deuxième trimestre et élargissent grandement le spectre de l’expérience en augmentant l’intensité des sensations perçues par le fœtus. Jusqu’alors, on pourrait croire que le confort de son environnement et le soin apporté à l’alimentation par sa mère suffiraient pour assurer au fœtus, à son arrivée, un sentiment de confiance en la vie. Toutefois, il y a davantage à considérer.

Au fur et à mesure de son évolution, le système du fœtus se raffine. Lors du dernier trimestre, son système nerveux est suffisamment développé pour recueillir des impressions sensorielles qui n’appartiennent pas à l’espace de son corps. Les émotions ressenties et portées par la mère sont transmises au fœtus par un substrat chimique et hormonal via le placenta et le cordon ombilical, lui faisant ainsi vivre par sensibilité divers états d’âme qui se traduisent aussi en manifestations physiques (accélération du rythme cardiaque, agitation, sensation d’étouffement…). Même si ces émotions ne font pas partie de son expérience vécue, il collige les informations de ce ressenti comme faisant partie de son être.