CÉLÉBRATION
Vous voici au terme du voyage, ou en est-ce le commencement ?
Il n’y a plus de lieu, plus de temps, plus de mouvement. Vous n’observez plus la vie dans ces manifestations extérieures. Vous la ressentez au plus profond de votre être. Dans l’immobilité et le silence, vous vous sentez unifié en vous-même et uni au reste du monde. Accueillez la plénitude et rayonnez. 



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PHOTOREPORTAGE

Varanasi

Par Renaud Philippe
Photos © www.renaudphilippe.com

Symbole emblématique de l’hindouisme, Varanasi
est un monde dans un univers, un lieu où le temps semble s’être arrêté, où les traditions se sont figées, où le mysticisme et la spiritualité transportent, un concentré d’intensité spirituelle. Un lieu transcendant dont personne ne sort indemne. Un lieu où l’eau sacrée du ­Gange est à la base de chaque geste, chaque prière.


4 h 30 du matin. Le jour se lève sur Varanasi. Petit à petit, dès que les premiers rayons du soleil percent l’épais brouillard et éclairent les édifices de cette ville érigée au VIIe siècle, les foules prennent la route du fleuve. De l’Inde tout entière, les fidèles accourent à Varanasi, lieu où l’on veut naître, vivre, et surtout mourir. Le soleil illumine doucement le Gange, encore calme. La vie se réveille et les pèlerins s’avancent sur les ghâts, ces escaliers sans fin menant au Gange. Plus qu’un fleuve, il est la déesse Ganga, jadis descendue du ciel via la chevelure du Dieu Shiva pour sauver l’humanité… Impossible de saisir par la raison seule la place qu’occupe le Gange dans la vie des Hindous. Il faut rester des heures au bord du fleuve, sentir peu à peu dans son cœur et dans son corps les multiples vibrations des lieux.
Il faut voir le lever du jour, s’abreuver de ces rituels, observer sans
juger. Il faut, toujours au même endroit, observer la clarté laisser
la place à la pénombre.

Les ghâts

La ville de Varanasi est surtout célèbre pour ses ghâts, berges recouvertes de marches de pierre, qui permettent aux dévots hindous de descendre au fleuve pour
y pratiquer ablutions et pûjâs (fêtes religieuses). Le bain dans le Gange est censé laver de tous les péchés et permettre ainsi de se libérer du cycle des renaissances. C’est aussi sur des ghâts spécialisés, le plus fameux étant Manikarnika, que l’on pratique les crémations.

La vie prend une autre dimension à Varanasi. Il s’y dégage une atmosphère tout à fait particulière tellement la vie et la mort se côtoient à chaque coin de rue, sur chaque ghât. Mourir à Varanasi est le rêve de chaque Hindou. Le caractère sacré de la ville, la pureté de l’eau du Gange et tous les rituels entourant la mort permettent à l’âme de quitter le cycle « infernal » des réincarnations et d’accéder directement au nirvana. Un peu partout le long du fleuve, on attend la mort ; un peu partout, des lieux
à ciel ouvert sont réservés pour les crémations, moments importants
où chaque geste, chaque mot a son importance. Doucement,
les cadavres se consument avant que les cendres soient jetées
dans le fleuve.

Son histoire

Les Anglais l’ont rebaptisée Bénarès après la conquête de l’Inde.
Les musulmans ont voulu la détruire. Immortelle, la ville dont le nom provient de deux affluents du Gange, la Varunâ et l’Asî, s’est appelée aussi Kâshî et Bânaras (Bénarès, une déformation de Vârânasî) au cours de son histoire. Elle est située tout entière sur la rive gauche du Gange, face au soleil levant, l’autre rive étant dénuée de toute construction.




Un vieux mythe suggère que Varanasi aurait été bâti 2 000 ans avant notre ère. Selon les historiens, ce serait plutôt au VIIe siècle avant Jésus-Christ que les premières pierres ont été posées, faisant de la ville l’un des centres urbains continûment utilisés les plus anciens. Il ne reste aujourd’hui toutefois que peu de traces des monuments anciens, quelques ruines tout au plus. Lieu suprême de l’hindouisme et donc du polythéisme, elle fut pillée ou détruite plusieurs fois par les musulmans, la première fois, par l’armée de Mahmûd de Ghaznî, en 1033.

Ses temples furent détruits, les matériaux étant réutilisés pour construire des mosquées. La dernière campagne de destruction fut menée par l’empereur Moghol Aurangzeb, qui renomma la ville Mohammadâbâd (Mohammad Ville). Avec l’ère coloniale, la ville passa sous le contrôle britannique en 1775. Malgré cette histoire tourmentée, le lieu garde en permanence son caractère sacré et sa position de ville majeure de l’hindouisme.