Les Jeux olympiques de Vancouver 2010 ont eu lieu et sont maintenant terminés. La flamme qui symbolisait la lutte pour la victoire est éteinte. « Plus haut, plus vite, plus fort », voilà le credo des Jeux. C’était la notion de performance dans la modernité grecque. Aussi excitants qu’ils furent, les Jeux olympiques ont existé et ne sont plus. Et alors, qu’est-ce que les organisateurs ont légué pour l’avenir ?
Croyez-le ou non, c’est la question que se sont posée les organisateurs au début du projet. Ils se sont demandés ce que le fait d’accueillir les Olympiques pouvait apporter à la communauté dans les décennies à venir. Poser cette question AVANT le début du projet, c’est l’essence même du développement durable. Autrement dit, le développement durable procure « suffisamment, pour tous, pour toujours ». Et si ces notions complétaient notre compréhension de la performance ?
Voici un exemple de conception de systèmes durable qui dure encore, longtemps après les Olympiques. On a mis au point un concept original d’utilisation des eaux usées pour répondre à une grande partie des besoins énergétiques de la communauté. Considérons que l’eau chaude employée pour les douches et les bains, l’eau des toilettes qui reste à la température ambiante des bâtiments et même l’eau bouillante jetée quand on égoutte nos pâtes s’en vont toutes dans la canalisation. En fait, ce nouveau système retient la chaleur venant des eaux usées et la redirige vers le village. Pourquoi n’avons-nous pas pensé à ça avant ?
« En ce qui concerne la gestion des eaux usées, les ingénieurs ont travaillé à la fois sur l’efficacité et sur le rendement », dit Alice Nantel, ingénieure hydrologue urbain à BPR, à Montréal. « Par exemple, pour protéger nos cours d’eau naturels de nos eaux usées, polluées pendant la saison de fortes pluies, nous optimisons maintenant le système actuel et poussons les limites de l’efficacité en contrôlant en temps réel l’écoulement de l’eau dans le système. Quand il s’agit de rendement, la gestion de l’eau fait alors partie d’un système plus grand, qui est la ville. À ce niveau, la récupération de la chaleur à partir des eaux usées est un excellent exemple d’intégration de la conception durable pour créer davantage de projets de développement urbain efficaces. Les ingénieurs ne sont pas les seuls à travailler à l’amélioration de l’utilisation de l’eau. De plus en plus de citoyens réutilisent les eaux grises et recueillent les eaux de pluie pour entretenir leurs espaces verts. »
Si la conception durable mène
à des réseaux de distribution de l’eau plus efficaces pour les villes,
comment peut-elle aider les consommateurs et les fabricants à gérer
leur impact ? Pour comprendre l’impact environnemental d’un produit, il
faut évaluer son cycle complet de vie en étudiant ses matériaux, sa
fabrication, son transport, son usage et son élimination. Cela exige
une approche holistique pour éviter le transfert des impacts à une
autre phase. Un cas classique de transfert d’impact serait de passer
d’une auto à essence à une auto électrique. Dans ce cas, l’impact ne
viendrait pas des gaz à effet de serre lors de l’utilisation de l’auto
électrique, mais de la centrale au charbon qui génère l’électricité
nécessaire à son fonctionnement. Cela nous amène à considérer un autre
facteur dans la conception pour la durabilité de l’environnement :
l’élément fonctionnel. Si l’on doit choisir entre un gobelet en
plastique et une tasse en céramique, il faut considérer la quantité de
liquide contenue dans un de ces récipients par rapport au nombre de
fois que le contenant peut être utilisé. Le rapport garantit que nous
comparons des pommes avec des pommes. En d’autres mots, il faudrait
70 gobelets en plastique pour équivaloir à l’impact d’une tasse en
céramique.
La conception durable est devenue un facteur important de
différenciation dans la création des villages olympiques, la gestion
des eaux usées ou la conception des produits de consommation. En fin de
compte, les organisateurs des Olympiques ont démontré que l’idée de
performance est redéfinie en tenant compte de l’environnement.
Aujourd’hui « plus haut, plus vite, plus fort » comprend aussi « plus
intelligent et plus durable ».