Pourquoi l’eau est-elle sacrée ? Pourquoi la bénit-on ? Et pourquoi lui accorde-t-on autant d’importance dans les rites et les traditions religieuses ?

Mon questionnement paraît naïf, je l’avoue. Je sais quelques rites religieux, comme le baptême ou les rites de purification dans diverses religions. Mais je ne connais pas
la valeur de l’eau. Car l’eau, je la gaspille quotidiennement.

Dans le magnifique film Va, vis et deviens,
il y a cette scène où le petit garçon, transporté d’Afrique en Israël, arrive dans un dortoir et se fait laver avec d’autres enfants. Alors qu’on le savonne, il fixe l’eau qui coule du pommeau de douche. La chute d’eau dirige son regard impressionné vers
le drain du plancher. Soudain, pris d’une panique incontrôlable, il se jette par terre pour retenir l’eau. Un adulte tente de le calmer et de le rassurer en lui faisant comprendre que l’eau n’est pas un problème ici. Mais il ne comprend pas.

Si ce petit bout d’histoire vous touche comme moi, c’est que vous et moi pouvons un peu imaginer la différence entre l’eau qu’on utilise et l’eau qu’on espère depuis des jours. Si elle est si précieuse, c’est qu’elle est un don de Dieu pour plusieurs peuples. Il faut alors se permettre une petite intrusion dans quelques ­rites et traditions pour comprendre la symbolique ou l’importance de l’eau.

L’eau nourrit la terre. L’eau nourrit l’homme. On la bénit pour lui invoquer la bienveillance. L’eau symbolise un passage, un ­véhicule de pureté et de spiritualité. Les religions, telles le judaïsme, le christianisme et l’islamisme, ont toutes pris naissance dans des zones désertiques où l’eau reste précieuse, tel un don de Dieu.

Rite d’initiation, le sacrement du baptême se retrouve aujourd’hui chez tous les chrétiens, rappelant que Jésus s’est fait immerger dans le Jourdain, moment où il fut désigné Fils de Dieu.

Chez les musulmans, pour être disposé à prier, on doit se ­purifier selon un rite très précis, et l’eau utilisée doit elle-même être pure et n’avoir eu aucun contact avec des impuretés ou des êtres impurs. Le pèlerinage à La Mecque amène les musulmans à passer, entre autres, par les sources sacrées de Zamzam pour se baigner ou du moins s’asperger avec l’eau. Ainsi, ils peuvent accéder à la cité sainte pour poursuivre leur pèlerinage.

Dans la religion juive, les rites reliés à l’eau sont nombreux. Le lavage des mains avant chaque prière, avant de bénir chaque repas, après avoir lu un texte religieux de façon à marquer une coupure entre la vie spirituelle et la vie matérielle.

Dans le Nouveau Testament, lorsque Jésus demanda à boire à une étrangère, celle-ci dit : « Qui boira l’eau que je lui donnerai, n’aura plus jamais soif : l’eau que je lui donnerai devient en lui source d’eau jaillissante en vie éternelle. » L’eau devient conductrice de divinité
et de vie ­éternelle.

Je vous avais prévenu, mon intrusion allait être brève. J’aurais pu ­citer encore beaucoup d’autres exemples et je crois que le point commun aurait été le même. L’eau symbolise un passage vers la spiritualité, car elle nous nourrit, car elle a souvent été rare, donc précieuse.

Enfin, je songe de plus en plus à la façon dont je prends mon bain tous les soirs. Par respect pour l’eau et même si elle est ­abondante chez moi, j’ai envie de la traiter autrement. Mes dix ­minutes vont devenir un rituel tout simple mais bien fait. Je vais prendre le temps d’apprécier chaque minute. Pourquoi ne pas le faire avec ma touche personnelle de spiritualité ? Que ce moment ­devienne ­sacré !