CÉLÉBRATION
Vous voici au terme du voyage, ou en est-ce le commencement ?
Il n’y a plus de lieu, plus de temps, plus de mouvement. Vous n’observez plus la vie dans ces manifestations extérieures. Vous la ressentez au plus profond de votre être. Dans l’immobilité et le silence, vous vous sentez unifié en vous-même et uni au reste du monde. Accueillez la plénitude et rayonnez. 



ARTICLE
Tu es fils
de l'univers
Par Jean Proulx

Mon cher fils,
J’aimerais te raconter une magnifique histoire. Il s’agit de la grande épopée de l’univers dans lequel nous vivons. Et si tu m’écoutes bien jusqu’à la fin,
tu découvriras « un secret » qui te concerne au plus haut point…


Le Grand Vivant cosmique
Il y eut un jour – ce fut, en fait, le premier jour – une immense
explosion à partir d’un point infinitésimal. Cela se passait il y a près
de quatorze milliards d’années. Alors apparurent le temps, l’espace
et la matière. Et commencèrent à se manifester des forces
incommensurables. Ce fut, sans aucun doute, le plus grandiose
spectacle son et lumière qui ait jamais existé. Les physiciens
l’ont appelé le Big Bang ; les croyants y ont reconnu l’acte d’un Dieu
créateur. Le Cosmos, qu’on appelle le Grand Vivant cosmique, était né.

Dans l’océan d’énergie mystérieusement issu de cet embrasement, des particules infimes de matière et de lumière se mirent à danser de façon chaotique et à virevolter en tous sens. C’est qu’elles étaient pleines d’énergie : l’énergie du cosmos naissant était contenue en elles, tout comme l’eau de la mer est contenue dans chacune de ses gouttelettes.

Quand l’univers eut atteint l’âge de quatre cent mille ans, les infimes corpuscules de lumière, que les physiciens appellent des photons, se dégagèrent de la matière et se mirent à circuler comme des ondes en toute liberté, produisant un éclat semblable à une aube majestueuse. Lorsque des astronomes à grosses lunettes regardent au loin dans l’univers, ils voient en même temps loin dans le passé et, avec grand étonnement, ils observent cette lumière primitive et chaude dans ses premiers jeux libres.

L’élan donné par l’explosion initiale aux particules de matière et
de lumière s’est poursuivi pendant environ un milliard d’années,
préparant un événement de grande ampleur : la naissance des
galaxies. Ces grands nuages de gaz, de matière et de lumière
se sont répartis par la suite aux quatre coins de l’univers et y
poursuivent depuis ce temps leur course infinie. Puis, en cours
de route, ces nuages galactiques ont accouché de myriades
d’étoiles. À leur mort (oui, les étoiles naissent, vivent et meurent),
ces premières étoiles ont lancé dans l’espace intersidéral ce qu’il
fallait pour permettre la naissance d’autres étoiles, très souvent
entourées de planètes.

Terre-Mère
Notre étoile à nous, le Soleil, vit en banlieue d’une galaxie nommée
la «  Voie lactée ». L’âge de notre étoile est de quatre milliards cinq
cent millions d’années. Elle est présentement à maturité, au milieu
de sa course. Notre Terre, cette si belle planète bleue, est née en
même temps et elle mourra en même temps. Car, tu sais, la danse
des mortalités et des renaissances fait partie des lois incontournables
de l’univers.

On dit aujourd’hui que cette Terre où nous habitons ressemble à un grand être vivant et on la nomme Gaïa. C’est notre Terre-Mère. Mais, chose extraordinaire, après s’être fait une beauté pendant un milliard d’années (il est parfois long de se faire une beauté !), Terre-Mère a accueilli la vie. La vie sur notre Terre, quelle merveille ! Elle est apparue il y a environ trois milliards cinq cent millions d’années dans l’eau des grands océans. C’est une petite cellule, contenant cette mémoire prodigieuse qu’est la molécule d’ADN, qui a eu la bonne idée d’y vivre
et de s’y reproduire. Ses milliards de rejetons ont suivi son exemple
et les eaux de la mer ont bercé et bercent encore cette multitude
d’êtres minuscules et invisibles.

Et beaucoup plus tard, toujours dans la foulée de ce mystérieux élan créateur qu’on nomme l’évo­lution, des cellules se sont rassemblées
pour former des organismes pluri­cellulaires. Un jour, au temps convenu, certains de ces organismes sont sortis de l’eau pour explorer et conquérir la terre, et même l’air. Ils ont épousé toutes les formes possibles, des plus étranges aux plus merveilleuses. Toutes ensemble, ces formes exécutent le chant polyphonique de la vie, ce chant qui ne cesse de combler de plaisir notre oreille.

Puis, tout récemment, il y a quelques dizaines de milliers d’années, Terre-Mère a aussi accueilli en son sein l’être humain. Tu sais maintenant que l’être humain est le fruit d’une grande patience cosmique. Et c’est comme si Terre-Mère avait elle-même longuement prié pour enfanter celui qui saurait regarder toutes choses avec de nouveaux yeux.

Le secret
J’imagine, mon fils, que tu commen­ces à deviner « le secret » que j’aimerais à présent te révéler. Il se résume bien dans cette petite formule : « Tu es un fils de l’univers. » Apprends donc à écouter le murmure du cosmos en toi-même. Car le chant qui jaillit d’une Source au plus profond de toi-même – c’est le chant de ton Humanité – remonte vraiment à l’origine des temps et des espaces cosmiques.

Tu portes en toi les particules de la matière et de la lumière, à la très longue mémoire. Ton corps est fait de poussières d’étoiles. Ton âme est un fragment de l’âme du Grand Vivant. Ne crois pas ceux qui te diront que tu es un étranger dans l’univers. Car, depuis ses débuts, l’univers
a soigneusement préparé ta venue.

N’oublies jamais que tu as aussi été bercé par Terre-Mère. Les fleurs
et les oiseaux sont tes sœurs et tes frères ; mais, plus encore, tu les
contiens en ton être. Les sels de l’eau, les feux du soleil, les minéraux
de la terre et les gaz de l’air ont également établi en toi leur demeure.
Car tu es l’univers en petit, tu es un microcosme.

Tu fais partie d’une longue course de relais. L’univers et la vie ont en effet créé pour toi la beauté. Tu dois te sentir comme un intendant à qui l’on a confié l’avenir de ce monde en lequel tu vis. À ton tour, donc, de recueillir le témoin, de poursuivre la course avec tes sœurs et tes frères humains, puis de devenir, jusque dans la moindre de tes pensées et la plus modeste de tes actions, un artisan de la beauté du monde. C’est là ta vocation et ta responsabilité en tant que fils de l’univers.